Bilan phytosanitaire de la campagne 2020

< MILDIOU : du jamais vu !

Les premiers foyers primaires du mildiou identifiés au vignoble le 28 avril (communes de Rodès, Canet en  Roussillon, Maury, Montesquieu des Albères), ont été déclenchés par l’épisode pluvieux du 13 avril (autour des 20-30 mm suivant secteur). Le 30 avril, confirmation d’autres symptômes observés sur Collioure, Alénya, Claira, Pia, Peyrestortes, Montauriol, Camélas, Ponteilla, Tresserre, Le Boulou liés à ce même épisode. A cette date, la maladie est présente dans les parcelles sensibles (quelques taches « d’huile » et fructifiées sur feuilles) de façon régulière sur tous les secteurs du département (sauf Fenouillèdes). Un deuxième épisode pluvieux atypique par son intensité du 18 au 22 avril, a apporté de 150 à 260 mm d’eau par mètre-carré suivant les zones du vignoble, rendant les interventions dans les parcelles très difficiles ou impossibles sur plusieurs jours. La conséquence de ces pluies, est l’apparition d’une deuxième vague de nouveaux foyers primaires sur feuilles à partir du 5 mai.

L’intensité de la maladie est accentuée, avec la présence des foyers primaires en place (depuis le 28-30 avril) dans de nombreuses parcelles, par les pluies contaminatrices du 26 avril au 1^er mai (de 14 à 32 mm) qui vont provoquer les premiers « repiquages » sur feuilles et inflorescences. Ces symptômes secondaires ont été visibles à partir du 14 mai.

Symptômes observés le 12 mai

Nous avons observé au vignoble en ce début de cycle, les premiers dégâts sur inflorescences et feuilles, conséquences du cumul des trois vagues pluvieuses, le risque d’explosion du mildiou est déjà à son maximum à cette date. La maladie va encore être amplifiée avec le 4ème épisode pluvieux important, apportant de 47 à 57 mm d’eau sur la période du 9 au 16 mai. Ces 8 jours consécutifs d’humidités, de pluies vont provoquer de nombreuses nouvelles contaminations dans toutes les parcelles, et les dégâts ont été visibles à partir du 22-25 mai.

Une période du 17 mai au 1^er juin sans pluie, avec Tramontane en journée et fortes chaleurs, va donner l’impression d’une accalmie sur l’évolution de la maladie. Cependant les humidités nocturnes sur la végétation, vont maintenir une intensité élevée du potentiel de reprise et de progression de la maladie avant le 5ème épisode de pluies.

Sur cette 5ème période du 1^er au 7 juin (5 jours pluvieux consécutifs) avec de 18 à 56 mm d’eau cumulés, vont relancer la maladie au vignoble, aux stades sensibles de floraison / nouaison / début fermeture des grappes suivant les secteurs.  Les premières formes de Rot brun ont été observées au 15 juin en secteur précoce. A cette date les pertes de récoltes sur cépages sensibles Grenaches, Macabeu, Carignan sont nombreuses en toute zone liées à des contaminations plus précoces dans le cycle de la vigne. Les symptômes avec fructifications des mycéliums, sur les jeunes pousses, grappes sont régulièrement présents dans toutes les parcelles.

Symptômes observés le 12 juin

Il n’en est pas terminé pour autant, avec le 6ème épisode contaminant du 10 au 18 juin, moins intense en quantité d’eau de 3 à 12 mm, ces quelques millimètres journaliers maintiennent et favorisent encore une progression des dégâts mildiou dans les parcelles.

Mêmes conséquences avec le 7ème épisode de pluies du 1 et 2 juillet de 6 à 18 mm supplémentaires aggravant la destruction de récolte dans certaines parcelles possédant encore des raisins, avec le développement du mildiou forme Rot brun.

< OÏDIUM

L’Oïdium a été présent dès le début de campagne, sur les parcelles et cépages sensibles. L’infestation a peu évolué durant la première partie du cycle de la vigne. Son développement important et sa virulence ont progressé à partir du stade nouaison et pendant le grossissement des baies, jusqu’après fermeture des grappes/début véraison. Les cépages principalement concernés sont Chardonnay, Muscat petits grains et Carignan. Cela a donné un caractère explosif et tardif à la maladie, avec peu de solutions de rattrapage pour bloquer son évolution.

< BLACK ROT

Malgré les conditions climatiques très favorables en début de cycle de la vigne, la maladie s’est installée très progressivement dans les différents secteurs, sur feuilles essentiellement. A partir de fin mai, les symptômes sur feuilles ont fortement évolué sur les secteurs Albères, Vallespir, Premiers coteaux, Aspres, Vallée de l’Agly, Rivesaltais, et en plaine du Roussillon. Seul le Fenouillèdes reste sans symptôme identifié. Courant juin, la maladie s’est installée avec plus d’intensité sur grappes dans les différents secteurs. Des dégâts sont observés.

< EUDEMIS

• 1^ère Génération, l’infestation a connu un niveau faible à moyen sur les différents secteurs.
• 2^ème Génération, le niveau de présence du parasite a progressé par rapport à la génération précédente. Les perforations sur grappes sont régulières en tout secteur. Le seuil de 4 grappes sur 10 peut être atteint ou dépassé.
• 3^ème Génération, le parasite a encore élevé son niveau de présence sur les différents secteurs. Les perforations peuvent atteindre et dépasser en moyenne 6 grappes sur 10 en situation mal contrôlée.

< PYRALE DU DAPHNE (Cryptoblabes gnidiella)

Les papillons sont capturés dans les pièges attractifs depuis mai. Quelques chenilles ont été visibles dès juin dans les parcelles à historique en zone littorale et plaine. La capture de papillons augmente fortement à partir du 15 juillet. La présence des chenilles a été constatée en forte augmentation sur les secteurs du Littoral, plaine du Roussillon, Aspres, Cru Banyuls, Albères. Au final courant août, la pyrale a connu une forte intensité sur ces différentes zones, provoquant des dégâts importants supérieurs à Eudémis dans certaines parcelles. Les moyens de lutte actuels semblent montrer une efficacité limitée. La récolte a été altérée dans certaines situations obligeant à une vendange plus rapide.

< POURRITURES GRISE ET ACIDE

Les foyers de perforations Eudémis et les nids au cœur des grappes, provoqués par Cryptoblabes en présence d’humidités sur la végétation, début août, ont déclenché le développement des pourritures. Certains cépages à maturité précoce ont dû accélérer l’époque de récolte afin de préserver un état sanitaire acceptable.

< ASPERGILLUS CARBONARIUS (champignon producteur d’OTA) :

La présence de baies altérées par éclatements, ou perforations ont permis au champignon de se développer dans certaines parcelles. L’impact est resté modéré, mais en nette progression par rapport aux années précédentes.