Conjoncture octobre 2021 : Viticulture

Le 20 octobre dernier, Fabienne BONET (Présidente de la Chambre d’Agriculture), Stéphane ZANELLA (Président du CIVR) et Denis BASSERIE (Président de l’EPLEFPA et la SAFER) étaient reunis au Lycée Agricole de Rivesaltes pour présenter la nouvelle organisation de l’expérimentation viticole en Roussillon.

Historique station de Tresserre et pourquoi avoir imaginé une évolution pour la Recherche et l’Innovation en Roussillon

La R&D est une des missions des interprofessions, le CIVR est depuis toujours impliqué dans le financement et la réalisation des expérimentations en viticulture et œnologie. La station expérimentale de Tresserre a été créée il y a plus de 40 ans, à l’origine plus orientée vers des travaux en lien avec la production des vins doux naturel à la fois sur :

• • La conduite du vignoble
  • Le choix du matériel végétal
  • La vinification

En 2004, le CIVR et la CA66 ont fusionné leurs équipes expérimentation au sein de la station vitivinicole. Cette collaboration a été un succès est a permis de travailler un plus large champ de thématiques d’expérimentation.

Les partenariats techniques ne se limitent pas au couple CIVR-CA66, mais de nombreux projets sont ou ont été travaillés avec des partenaires de la Région, de France et d’Europe (INRAE, Chambres, IFV, SudVinBIo, INCAVI…)

Pourquoi avoir imaginé une évolution ?

La volonté de revoir un partenariat plus large, et notamment le rapprochement avec l’enseignement initial avec pour objectif de faciliter le transfert de connaissance, la nécessité de répondre à des contraintes budgétaires plus serrées, ainsi que la volonté de trouver un lieu plus central et plus accessible aux producteurs ont amené les professionnels à imaginer une nouvelle organisation au sein du VINOPOLE ROUSSILLON basé à Rivesaltes.

Les priorités en termes de R&D – Quelles attentes des professionnelles viticoles ?

La nécessité de travailler sur l’expérimentation ne fait aucun doute pour les professionnels agricoles. Comment trouver la manière de continuer à produire dans un contexte où les changements (climatiques, sociétaux, règlementaires…) sont importants ?

Comment trouver les moyens de financer la R&D quand les crédits publics s’amenuisent ?

Pour ces raisons, il s’avère nécessaire de mutualiser et rationnaliser notre manière de conduire l’expérimentation.

Nous devons faire les choix qui s’imposent, et prioriser nos thématiques de recherches. Dans cet objectif, une commission technique mixte des professionnels viticoles fixe les priorités en termes de R&D. Sans surprise, les priorités fixées sont :

• L’adaptation aux changements climatiques : gestion de la contrainte hydrique, lutte contre les accidents climatiques, gestion des nouvelles maladies et ravageurs…
• La réduction des intrants afin de prendre en compte les attentes de la société, mais aussi des producteurs.
• L’innovation variétale, qui peut notamment contribuer au 2 premiers objectifs (cépages tolérants aux maladies, cépages résistants à la sécheresse).
• L’innovation produit, qui doit permettre de proposer des vins en adéquation avec les attentes commerciales et sociétales.

Le Vinopole Roussillon se donne pour objectif au travers de ce partenariat de répondre à toutes ces exigences.

De façon concrète, comment ce partenariat va-t-il se matérialiser ?

Tout d’abord nous allons créer un vignoble expérimental, à partir de parcelles achetées par la SAFER. Le principe de fonctionnement est que les parcelles seront travaillées par le Lycée agricole, elles permettront aussi aux étudiants de pouvoir mettre en œuvre leurs enseignements. La Chambre d’Agriculture réalisera quant à elle l’ensemble des suivis expérimentaux. Le vignoble expérimental de Rivesaltes sera complété par un ensemble de parcelles vigneronnes déjà présentes sur le département.

Un partenariat riche entre enseignement agricole – recherche et production

L’EPLEFPA est un établissement dans lequel travaille environ 180 personnes au service de l’Enseignement agricole et des professionnels du monde agricole qui est composé de 5 centres constitutifs.

Son équipe de direction renouvelée pour partie, avec à sa tête un nouveau directeur Sébastien MEUNIER est désormais en ordre de marche pour porter au plus haut les couleurs de l’enseignement agricole dans les Pyrénées-Orientales.

L’établissement est en pleine progression pour l’ensemble de ces voies de formation.

• Le Lycée général et technologique Lorca de Théza a enregistré 20 inscriptions supplémentaires cette rentrée, soit une augmentation de 10% des effectifs.
• Le Lycée Professionnel Agricole Claude Simon de Rivesaltes enregistre un boum de ses effectifs depuis l'an dernier (+ 50 élèves en 2 ans). Sa taille humaine est aussi un facteur d'attractivité, ainsi que ses formations offrant des débouchés localement (métiers de l'agriculture, de l'aménagement paysager, des services aux personnes…).
• Le CFA de Rivesaltes est sur une progression constante et remarquée de ses effectifs (de 250 à 280 apprentis en un an !), avec un engouement notamment pour la nouvelle filière CAP jardinier paysagiste et BP aménagements paysagers spécialisation campings.
• Le CFPPA, Centre de Formation professionnelle pour adultes, dirigé depuis la rentrée par Emmanuelle Chaumette, n’est pas reste : il ouvre une formation CAP Métiers de l'agriculture-horticulture le 18 octobre, un BP Travaux Forestiers le 2 novembre en Vallespir, un Certificat de Spécialisation Tractoriste le 8 novembre (pour lesquels il reste quelques places), et un Certificat de Spécialisation PPAM (Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales), qui est complet.
• Le Domaine du Lycée de Rivesaltes, qui portera demain l’expérimentation viticole en lien avec la Chambre d’Agriculture et le CIVR vient d’organiser les Rencontres professionnelles            « Plantes et ingrédients naturels, se sourcer en Occitanie », évènement unique pour cette filière dont l’exploitation a été motrice pour le développement de cette filière dans les PO.

Ce projet de VINOPOLE contribue et donne du sens à la mise en avant de 4 des 5 missions de l’enseignement agricole que cet établissement doit conduire au quotidien.

1. Assurer une formation générale, technologique et professionnelle pour nos futurs professionnels.
2. Participer à l'animation et au développement de notre territoire en permettant le maintien d’activité dans notre territoire. La préservation de la collection viticole en est un exemple.
3. Contribuer à l'insertion scolaire, sociale et professionnelle des jeunes et moins jeunes qui s’intéressent à nos métiers en leur donnant les moyens de bien se former
4. Contribuer aux activités de développement, d'expérimentation et d'innovation agricoles, et sur ce point je pense que l’on ne peut pas faire mieux dans le cadre de ce partenariat.

Quant à la 5ème mission qu’il doit mettre en œuvre, cet établissement y contribue également fortement, comme l’accueil d’une délégation espagnole de 14 professionnels, chercheurs et formateurs reçus à Rivesaltes du 13 au 15 octobre dans le cadre d’une coopération transfrontalière Catalogne, Aragon, Pyrénées-Orientales et Ariège dans le cadre du développement des filières PPAM.

Des projets de coopération en lien avec la filière viticole et l’expérimentation vers des pays comme le Chili sont en émergence, établissements avec lesquels nous travaillons déjà dans le cadre de la coopération internationale.

Une 1ère pour la SAFER

Pour la SAFER Occitanie, il s’agit d’une première : s’investir dans l’expérimentation.

C’est une évidence : l’expérimentation doit permettre de pérenniser notre viticulture face aux changements climatiques, de réduire nos intrants phytosanitaires.

La SAFER, ce sont des professionnels agricoles, c’est également l’outil de la profession agricole. Cette opération doit nous permettre d’apporter des réponses face à ces changements et permettre aux viticulteurs de faire les bons choix.

D’un point de vue opérationnel, la SAFER a recherché un site, achètera le foncier et le mettra à disposition du CIVR et du Lycée Agricole.