La confusion sexuelle contre l’Eudémis : Bilan du suivi épidémiologique de l’année 2020

Rappel

La confusion contre les ravageurs des cultures existe depuis plus de 20 ans. Dans le département au niveau viticole les premières expérimentations en viticulture contre l’Eudémis datent du début des années 1990.
C’est en 2011, sur le secteur d’Estagel et Tautavel, que le GDA moyen Agly, avec l’aide de la Chambre d’agriculture, lance une expérimentation collective grandeur nature avec des exploitants viticoles de tout horizon  (coopérateurs, vignerons indépendants, vignerons conventionnels et vignerons en AB). Au départ, ce sont deux îlots de 45 ha de vignes qui sont confusés pour s’agrandir très vite et passer aux alentours de 220 ha en 2013. Le mode de lutte était alors lancé.
Fort de ce succès, de nombreux groupes d’agriculteurs de notre département et des départements voisins nous ont sollicités pour leur faire part de nos observations et de notre expérience pour mettre en place cette technique.

L’animation des techniciens de la Chambre d’agriculture

Depuis plusieurs années la Chambre d’agriculture organise sur les secteurs des réunions de présentations de la technique. En 2019, 3 réunions d’informations ont été réalisées à Rivesaltes et à Bages, grâce aux fonds d’animation du Conseil Départemental et à Claira grâce à ceux de la Communauté de Communes Corbières Salanque Méditerranée.
Lors de ces réunions des contacts ont été pris et des groupes d’agriculteurs se sont fait connaître afin de les accompagner dans le développement de cette technique.
A ce jour et suite à l’animation, on estime à environ 3 000 ha confusés contre l’Eudémis avec une augmentation de 15 à 20% des superficies entre 2019 et 2020. A présent, tous les secteurs viticoles du département ont des îlots confusés.
Même si la carte ci-après n’est pas exhaustive, elle  a pu être élaborée grâce à l’animation et aux retours des exploitants suite aux enquêtes de terrain.

Le suivi

Les secteurs confusés  ont été  suivis par la Chambre d’agriculture durant la campagne :
La coordination de l’animation et du suivi a été assurée par Christelle Alengry chargée de missions.
Le département a été découpé en 4 secteurs d’observation avec 1 responsable de secteur pour chacun :
•    Les Aspres
        - secteur Fourques et Trouillas : Eric Noémie
        -  îlots de la coopérative VSR : Olivier Barberousse
•    La Vallée de l’Agly : Christelle Alengry
•    Le Littoral : Antoine Cuegniet
•    La Côte Vermeille : Claire Pou
Laure Berard-Delay a suivi les parcelles du Bulletin de santé Végétale (épidémiologie), et deux stagiaires qui ont été chargés des comptages sur les parcelles témoins.
Sans oublier les techniciens des coopératives et de la distribution avec qui nous avons été en contact pour échanger tout au long de l’année sur la pression des ravageurs.

Le protocole de suivi et l’information

Sur ces 4 grands secteurs d’observation ont été choisies 5 à 10 parcelles témoins confusées en plus des parcelles non confusées suivies dans le cadre du BSV.
Les comptages de suivi de pression ont été réalisés sur chaque parcelle témoin, et ce pour les 3 générations.
Une liste d’agriculteurs recensés lors de l’animation a été constituée. Elle n’est sûrement pas exhaustive, et elle a permis de vous informer par mail de l’évolution de la pression dans les secteurs confusés. (nouveauté 2020).
Dans la note Terroirs en saison « situation phytosanitaire vigne et stratégies », est ajouté un encadré exclusif sur la confusion.
L’animation continuera durant l’automne et l’hiver 2020 -2021 afin de continuer à constituer des îlots mais aussi de les compléter.

Les contacts

Le bulletin

Un bulletin de comptage a été envoyé durant la campagne, pour chaque génération, afin d’informer les exploitants sur la pression dans les secteurs. L’objectif est d’apporter un élément complémentaire d’aide à la décision pour les interventions éventuelles.

Le bilan des observations la campagne

1^ère génération

On constate que le niveau d’infestation est variable selon les secteurs. Même si par endroit les taux  sont plus élevés, il est considéré comme moyen. Ce que nous constatons, c’est que les parcelles non confusées ont quasiment toutes dépassé les seuils de déclenchement des traitements dès la première génération à l’inverse les parcelles confusées qui ont n’ont eu que très peu de pression dans les secteurs historiquement confusés. Par exemple, sur le secteur Agly qui est confusé depuis 2011  seule la parcelle non confusée a dépassé les seuils alors qu’aucune observation de dégâts n’a été faite sur les parcelles confusées. A contrario, sur le secteur des Aspres (Ponteilla/Nyls) en première année de confusion même si le taux d’infestation est légèrement moindre sur la zone confusée par rapport aux parcelles non confusées on constate que de nombreuses parcelles dépassent ou avoisinent le seuil de 10 % dès la première génération d’Eudémis.          

NB : Les parcelles non confusées sont en dehors des îlots de confusion et font l'objet d'une lutte par insecticide.

2^ème génération

Nous constatons la même configuration de pression qu’en première génération. Ce qui est à noter c’est que dans les Aspres sur les secteurs nouvellement confusés, les taux d’infestation dépassent les seuils de 10% d’infestation, sauf sur le secteur historiquement confusé du Pla d’amont de Trouillas et des Garrigues de Fourques. Néanmoins, si nous comparons les parcelles témoins confusées avec les témoins non confusés de ces secteurs (F4, TE5, CIP2, COP1 et PO3), Nous pouvons aussi observer que la pression sur le secteur Littoral commence à augmenter même dans les parcelles confusées. Sur les parcelles confusées depuis plusieurs années, on observe un dépassement uniquement sur les parcelles (LI5 et LI7).

Il est habituel, lors de la 1ère année de confusion, d'avoir une efficacité moyenne lorsque la pression devient élevée. Il faut en général 2 à 3 années pour que la confusion se mette en place correctement.

3^ème génération

La pression continue de croître en 3éme génération, seul le secteur Agly confusé depuis 9 ans reste stable et on n’y observe pas de problème sur les parcelles confusées. Le secteur de Trouillas confusé depuis 3 ans, on observe une pression forte sur les parcelles témoins non confusées et malgré tout une parcelle confusée TE1 dépasse le seuil de 10% d’infestation.
Sur le secteur des Aspres nouvellement confusé les interventions en 3ème génération ont été obligatoires.

Conclusion

Ce qu’on peut conclure, c’est que dans les secteurs historiquement confusés avec une pression moyenne à forte, çela fonctionne bien. En revanche, pour les secteurs nouvellement confusés, il est nécessaire de confuser plusieurs années avant d’avoir un résultat qui n’oblige pas à intervenir sur l’Eudémis. Malgré tout, la pression est bien moindre sur les parcelles nouvellement confusées, si on compare la TR2 confusée par rapport à la parcelle non confusée COP1, il y a un gros écart de pression et ce pour toutes les générations.

Perspectives 2021

Pour débrifer et échanger avec les vignerons sur la campagne passée, il est prévu d'organiser dans les secteurs des réunions de restitution du travail de suivi des îlots confusés. Une information sur les dates et les lieux sera communiquée ultérieurement. Ces réunions seront l'occasion de commencer à travailler sur la campagne à venir.