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Comment optimiser son IFT en vue de l'obtention d'un label Agro-écologique tel que la HVE ?

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De plus en plus de vignerons souhaitent s’engager dans des démarches d’obtention de label officialisant les efforts de réduction des produits phytosanitaires afin de répondre aux attentes des metteurs en marché et consommateurs. L’utilisation de produits chimiques ou naturels est mesurée et évaluée à partir d’un indicateur : l'Indicateur de Fréquence de Traitements phytosanitaires (IFT). L’IFT comptabilise le nombre de doses de référence utilisées par hectare au cours d’une campagne culturale. Cet indicateur peut être calculé pour un ensemble de parcelles, une exploitation ou un territoire. Il peut également être décliné par grandes catégories de produits (herbicides ; fongicides ; insecticides et acaricides ; autres produits).

Pour un vigneron, l'IFT permet d'évaluer ses progrès en termes de réduction de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques. Il permet également de situer ses pratiques au regard de celles du territoire et d’identifier les améliorations possibles.


Equation du calcul de l’IFT (avec DA : Dose Appliquée en kg ou l / ha, DH : Dose Homologuée en kg ou l / ha, ST : Surface Traitée, SP : Surface de la Parcelle).

La Haute Valeur Environnementale a pour but d’identifier et de valoriser essentiellement des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement. Dans le cas de l’option A du niveau 3 de la certification, niveau conférant le label HVE à l’ensemble de l’exploitation, la stratégie phytosanitaire du viticulteur est notamment évaluée. Si l’IFT de l’exploitation est supérieur à la moyenne régionale*, l’obtention du label sera refusée. L’enjeu est donc de perfectionner la stratégie phytosanitaire afin d’éviter tout écueil. Cet article propose des solutions allant dans ce sens.

Comment réduire l'IFT des fongicides ?

1ère piste : méthode optidose

Les abaques présentés ci-dessous sont des adaptations simplifiées de la méthode  optidose. Elle s’applique aussi bien avec des produits chimiques que non chimiques dans la cadre de traitements tous les 2 rangs avec un appareil de type « 2 mains 2 canons ». Le principe de base est de moduler la dose en fonction du volume de végétation et du risque sanitaire.

Dans le cas de l’oïdium, il faut définir son programme : optidose+ ou optidose (Tab 1) en fonction de la sensibilité de la parcelle, de la pression et de la vigueur. Cela nécessite d’être flexible et peut supposer de ne pas réaliser le même programme de traitement sur tout le parcellaire.

Tableau 1 (Guide des Vignobles 2018/2019, page 110) (végétation+ = parcelle particulièrement vigoureuse sur sol profond).

Le tableau 2 propose les variations de doses à mettre en œuvre en fonction des stades phénologiques, de la pression de la maladie et de la sensibilité de la parcelle à cette maladie.

Tableau 2 (Guide des Vignobles 2018/2019, page 110).

Avec une stratégie optidose pour un traitement sur 100% du parcellaire, l’IFT du programme optidose varie de 0,33 en début de saison à 1 à nouaison. C’est en effet à floraison / nouaison que la vigne est la plus sensible aux maladies cryptogamiques.

Même démarche dans le cadre de la lutte contre le mildiou : définir dans un premier temps le programme adapté à chacune des parcelles entre optidose, optidose+ ou optidose- (Tab 3).

Tableau 3 (Guide des Vignobles 2018/2019, page 111) (végétation+ = parcelle particulièrement vigoureuse sur sol profond).

De même le tableau 4 propose les variations de doses à mettre en œuvre en fonction des stades phénologiques, de la pression de la maladie et de la sensibilité de la parcelle à cette maladie. 

Tableau 4 (Guide des Vignobles 2018/2019, page 111).

Ainsi une stratégie optidose pour un traitement sur 100% du parcellaire, l’IFT du programme optidose- varie de 0,33 en début de saison à 0,67 à nouaison.

Dans le cas du cuivre, il faut être vigilant car les spécialités commerciales cupriques ne sont pas concentrées et homologuées à la même dose de cuivre métal / ha. Par ailleurs, les engrais foliaires cupriques sont également comptabilisés dans le calcul de l’IFT et de la dose limite de 28 kg/ha/7ans ! Pour rappel : l’utilisation d’un engrais foliaire doit être justifiée et ne doit remplacer en aucun cas un produit phytosanitaire cuprique au risque d’être considéré comme une non-conformité.

Bien que la méthode optidose soit construite à partir d’une pleine dose fixée à 800g de Cu métal/ha, nous considérons aujourd’hui que l’apport de 600 g/ha/application de cuivre métal est la dose efficace maximale à apporter par passage dans le cadre de la lutte contre le mildiou en pleine végétation. Sur cette base, le tableau ci-dessous récapitule les grammages correspondant aux différents pourcentages de dose :

Tableau 5 : modulation des doses de cuivre métal dans le cadre de l’application modifiée de la méthode optidose.

Exemple : on souhaite appliquer 400 gr de cuivre métal / ha sur l’ensemble du parcellaire

  •      Avec de la BB Manica (20%), homologuée à 7,5 kg/ha, il faut 2 kg de produit / ha ce qui correspond à 0,26 d’IFT.
  •      Avec de l’héliocuivre (400 g/L), homologué à 3 kg/ha, il faut 1 kg de produit / ha ce qui correspond à 0,33 d’IFT.
  •      Avec du Nordox 75WG (75%), homologué à 2 kg/ha, il faut 0,53 kg de produit / ha ce qui correspond à 0,26 d’IFT.
  •      Avec du Yucca (375 g/L), homologué à 8,4 L/ha, il faut 1,12 L de produit / ha ce qui correspond à 0,13 d’IFT.

2ème piste : l’utilisation de biocontrôles

Les biocontrôles ne sont pas comptabilisés dans le calcul de l’IFT. Pour rappel, il s’agit d’agents et produits utilisant des mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures. Ils sont à réserver à des situations d’infestations modérées et comprennent notamment le soufre (voir fiche soufre en viticulture biologique) ; l’huile essentielle d’orange douce (Prev-am, Limocide, Essen’ciel), le bicarbonate de potassium (Armicarb, Vitasan) et des Stimulateurs des Défenses Naturelles d’origine végétale (Blason, Bastid), des bases mircroorganismes (Romeo, Julietta, Sonata, Taegro) associés à des doses réduites de fongicides.

Pour résumer :

Tableau 6 : Exemple comparé de programmes anti-mildiou classique et à bas intrants sur l’ensemble d’un parcellaire.

Le tableau 6 présente comment en associant réduction de doses et associations avec des produits de biocontroles, l’IFT peut être divisé par 6 avec un programme à bas intrants conséquent quant à la protection.

Tableau 7 : Exemple comparé de programmes anti-oïdium classique et à bas intrants sur l’ensemble d’un parcellaire.

De même le tableau 7 présente comment en utilisant uniquement des biocontrôles, l’IFT peut être nul à la fin de la saison tout en assurant une protection phytosanitaire efficace.

3ème piste : l’utilisation de PNPP et SNUB

Les Préparations Naturelles Peu Préoccupantes (PNPP) sont connues également sous le nom de substances de bases. Y sont regroupées les préparations à base de prêle et d’osier. Une autre catégorie dénommée Substances Naturelles à Usage Biostimulant (SNUB) comprend toutes les préparations à base d’ortie, achillées, etc… En fonction des plantes et des procédés d’extraction, des propriétés fongistatique, antisporulante, répulsive ou stimulante leur sont accordés. Leurs effets sont reconnus dans le cadre de pressions cryptogamiques faibles et toujours en association avec des produits phytosanitaires « classiques ».

4ème piste : utilisation de cépages résistants

L’efficacité de ces variétés implique la présence d’un ou de plusieurs gènes de reconnaissance du parasite qui va permettre une réaction de la plante. Ces gènes sont obtenus par croisements interspécifiques (vitis vinifera X vitis non vinifera). La station viti-vinicole de Tresserre travaille sur l’évolution agronomique et œnologique de ces cépages.Cinq d’entre eux viennent d’être inscrits au cahier des charges IGP.

Comment réduire l’IFT des insecticides ?

La réduction au recours d’insecticides concerne prioritairement les tordeuses de la grappe. Il existe 4 biocontrôles (dont l’IFT est nul) qui peuvent être utilisés :

Il n’y a pour le moment aucun moyen de substitution à l’utilisation d’insecticides dans le cadre de la lutte obligatoire contre la cicadelle de la flavescence dorée y compris en lutte biologique.

 

Comment réduire l’IFT des herbicides ?

L’entretien mécanique des sols est à ce jour la seule alternative réaliste à l’emploi d’herbicides dans les situations où cela est techniquement faisable. Bien évidemment le travail du sol total ou la suppression totale des herbicides permet de réduire l’IFT herbicide à zéro.
Néanmoins, dans le cas d’herbicides, il est malgré tout possible de réduire l’IFT en réduisant :

  •      le nombre d’interventions,
  •      la dose utilisée,
  •      la surface désherbée.

En effet, la suppression du désherbage de l’inter-rang permet de diviser par 3 environ l’IFT de l’intervention. La diminution de la largeur désherbée sous le rang (50-60 cm suffisent) représente également un levier.

 

 

 

 

 


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