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Les Pies-grièches, ces espèces liées aux habitats agricoles…

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Bien mal nommées, les Pies-grièches ne sont pas des corvidés. Passereaux de la taille du moineau ou du merle, les Pies-grièches ont la particularité d’arborer des plumages très reconnaissables et d’avoir des becs crochus, particulièrement adaptés à leur alimentation : principalement des gros insectes (scarabées, sauterelles et criquets…) et, à l’occasion petits rongeurs ou jeunes oiseaux. Elles ont la caractéristique d’utiliser des buissons épineux comme garde-manger, en y empalant des proies qui serviront de réserves pour les périodes de mauvais temps.

Trois espèces de pie-grièche se reproduisent dans les Pyrénées-Orientales, dont deux sont particulièrement menacées au niveau national : la Pie-grièche à tête rousse et la Pie-grièche méridionale.

Pie-grièche à tête rousse

ci-dessus : Pie-grièche à tête rousse (J. Dalmau/GOR)

Liée à des climats de type méditerranéen ou supra-méditerranéen, cette espèce fréquente les régions collinéennes sèches et bien exposées où les parcelles agricoles jouxtent la garrigue. La Pie-grièche à tête rousse s’est adaptée à des milieux semi-ouverts ponctués de buissons et d’arbres, qui fournissent des sites de nid et une abondance de perchoirs entre 1 et 4 m du sol. Elle est également présente dans les vignobles de coteaux qui présentent une mosaïque fine où s’imbriquent friches, haies, lambeaux de garrigue et talus. Elle occupe principalement les zones de piémont entourant la plaine du Roussillon d’où elle a quasiment disparu. Supportant mal l’altitude, elle est très rare au dessus de 600 mètres. Les populations de cette espèce passent l’hiver dans une vaste ceinture traversant le continent africain juste au sud du Sahara, les individus des Pyrénées-Orientales rejoignent ainsi le Sahel en septembre pour revenir sous nos latitudes en avril.

Notre région en héberge entre 70 et 90% de la population nationale (l’espèce est devenue très rare en Provence), lui conférant ainsi une responsabilité majeure en termes de conservation de l’espèce.
La conservation des haies arborées ou buissonnantes, des fossés, des buissons et arbres isolés, des murets et tas de pierre, et leur « non entretien » durant la période de reproduction (entre avril et juillet), contribue à favoriser cette espèce très patrimoniale et typique. Principalement insectivore, la diminution des intrants lui sera évidemment très bénéfique.

Pie-grièche méridionale

Ci-dessus : Pie-grièche méridionale juvénile (F. Olivier/GOR)

Strictement inféodée à un climat de type méditerranéen, avec une distribution limitée à la Péninsule Ibérique et au sud de la France (13 départements), cette Pie-grièche porte bien son nom. Elle est typique des milieux méditerranéens très ouverts.  Dans notre département, elle fréquente deux types d’habitat : les causses à Chêne kermès de Thuir/Castelnou, certains vignobles des Aspres et les paysages bocagers de Basse Cerdagne.

Chassant à l’affût, comme toutes les Pies-grièches, la Pie-grièche méridionale a besoin de perchoirs : poteaux, piquets, arbres isolés mais aussi ronciers de bords de parcelles.  Les zones herbeuses, bords de chemins, fossés avec ronciers lui sont particulièrement favorables. En garrigue, elle semble apprécier les zones à chênes kermès typiques des zones récemment incendiées. Son spectre de prédation est assez ouvert, allant des arthropodes (surtout insectes) jusqu’aux micro-vertébrés. Le territoire d’un individu ou d’un couple est de l’ordre de 10 à 20 ha environ. C’est probablement la plus farouche de nos Pies-grièches.

La plupart des couples nicheurs des Aspres semblent très sédentaires. Des mouvements plus amples semblent avoir lieu en hiver en Cerdagne et en Conflent probablement à cause des conditions climatiques à cette époque de l’année.

En régression sensible depuis une quinzaine d’années, la population actuelle de la Pie-grièche méridionale est inférieure à 20 couples nicheurs dans les Pyrénées-Orientales. L’espèce a ainsi disparu de toute la partie nord de la plaine du Roussillon, au nord de Perpignan, entre 2000 et 2010 (une quinzaine de couples y étaient encore connus en 1990, entre Calce, Baixas, Rivesaltes et Saint-Estève).

Les raisons de ce déclin rapide restent encore largement inexpliquées mais l’impact à long terme des pesticides à forte rémanence utilisés dans les années 1970/2000 pourrait être mis en avant, de même que la suppression des ronciers de bords de parcelles, parfois par brulage, qui prive l’espèce de sites de reproduction, de perchoirs et de zone refuge.

 

Fabien GILOT - Groupement Ornithologique Roussillonnais

 


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