[POMME DE TERRE] RHIZOCTONIA OU TAUPIN : ATTENTION AU DIAGNOSTIC !

Confirmer le taupin

Rien de plus normal pour un œil averti que des trous de quelques millimètres de diamètre dans des tubercules soient des dégâts de larves de taupin. C’est de plus en plus souvent le cas avec les retraits, ces dernières années, de nombreuses molécules insecticides en traitement de sol.

Pour confirmer ce rapide et premier diagnostic, surtout si le pourcentage de tubercules touchés est élevé, il faut se poser deux questions simples :

1.    Est-ce-que je trouve des larves de taupins au cours des opérations de récolte ainsi que des larves dans les tubercules ?
Si c’est le cas, pas doute le diagnostic est confirmé.
Mais, si ce n’est pas le cas ou seulement la présence de rares larves de taupins, on passe à l’étape suivante :

2.    Est-ce que les trous s’enfoncent de plusieurs centimètres et même traversent de part en part les tubercules ?
Si c’est le cas, le diagnostic est confirmé, notamment si les entames des trous sont biens rondes et nettes.
A contrario, on se rend à l’évidence que les trous sont liés à autre chose.

La piste du rhizoctonia

On est donc dans une situation avec pas ou très peu de larves de taupins, des trous profonds de seulement quelques millimètres tout au plus d’un centimètre et des entames moins rondes et moins bien délimitées.

L’association de ces principaux symptômes met en évidence des dégâts du rhizoctonia.

Les trous sont appelés ici dans le jargon patatier « dry core » (bouchon liégeux). Selon l’avancée de ce type de symptômes, on observe sur l'épiderme des tubercules des taches brunes rondes dont le centre s'effondre progressivement au fur et à mesure de la mort des tissus laissant place à des trous de plusieurs millimètres aux contours imprécis (voir les photos).

Le doute
Parfois les larves de taupins et le les symptômes du « dry core » du rhizoctonia sont présents simultanément. A défaut d’un diagnostic précis, le taupin est retenu surtout si les larves sont bien présentes et l’on peut passer aussi à côté du rhizoctonia. Pour lever les doutes d’autres symptômes du rhizoctonia devront-être recherchés (voir encadré).

Les autres symptômes du rhizoctonia en culture de pomme de terre

- En cultures, des lésions de couleur marron-rouille le long des germes et stolons et des manques à la levée

- A la récolte, sur tubercules des sclérotes, des déformations, crevasses et rugosité et le fameux symptôme du « dry core » (bouchon liégeux).

- Au lavage, une forte odeur de champignon surtout en présence de nombreux sclérotes.

Les bonnes pratiques
Sur le plan agronomique, la très large littérature qui traite des techniques de production de la pomme de terre recommande son retour en culture au plus tôt tous les 4 ans dans une même parcelle. Plus facile à dire qu’à faire mais le respect de cette recommandation limite de nombreux problèmes phytosanitaires dont le rhizoctonia fait partie dans une longue liste d’agents pathogènes comme le nématode doré, la gale commune, la dartrose…
La solarisation en été est une très bonne solution tout comme les engrais verts surtout s’ils ont un effet biodésinfectant comme la moutarde brune.