Conjoncture avril 2023 : Arboriculture et Maraichage

Situation en France et en Europe

En France :

Après deux années 2020 et 2021 très déficitaires à cause du gel notamment, la production d’abricots française est revenue sur des niveaux plus satisfaisants en 2022 avec 123 000 tonnes récoltées. Le gel et la pluie pendant la floraison avaient affecté certains bassins de production comme la Provence ou le Roussillon mais pour le reste peu de problèmes ont été signalés.

En 2023, on ne déplore pas de gel significatif dans les principaux bassins de production d’abricots. La production devrait se situer autour de 125 000 tonnes soit une hausse de 2% par rapport à 2022 et de 16 % par rapport à la moyenne 2017/2021.

La météo capricieuse de ces dernières semaines et la baisse continue des surfaces au niveau du verger Français expliquent que le verger français n’atteint plus les 150 000 tonnes et plus de 2017, 2015 etc…

Le retour du froid à partir de mi-janvier a retardé la floraison et les chiffres de prévisions de récolte pourraient évoluer en fonction de l’évolution des petits fruits (différenciation).

 Il faut également signaler la situation très compliquée de certains bassins de production vis-à-vis de la sècheresse et notamment le Roussillon où des restrictions sur l’irrigation ont été imposées. A ce stade il n’est pas possible d’estimer les pertes potentielles liées à ce phénomène climatique en cours.

En Europe :

L’année 2021 avait été pour la production d’abricots en Europe une année exceptionnelle. Le gel qui avait touché tous les bassins de production avait causé des pertes très importantes et la production européenne était passée sous la barre des 400 000 tonnes. Sur les 30 dernières années un niveau de production aussi faible n’avait été observé qu’à 3 reprises, en 2003, 1998 et 1995.

L’an dernier, le gel a une fois de plus été présent dès le mois de Mars en Grèce et en Italie et début Avril en France et surtout en Espagne, qui a été le pays le plus touché.

Cette année, on signale un peu de gel en Grèce, dans le Nord de l’Italie, des phénomènes de chute de bourgeons liés au manque de froid hivernal notamment dans la région de Murcia et une météo capricieuse ces dernières semaines avec des à-coups brutaux de températures.

En 2023, la production européenne d’abricot est prévue autour de 500 000 tonnes soit une baisse de 7% par rapport à 2022 et de 7% également par rapport à la moyenne 2017/2021. Après deux années 2020 et 2021 très déficitaires autour de 400 000 tonnes, 2022 et 2023 sont des années moyennes autour de 500/550 000 tonnes, mais bien en dessous de 2017 ou 2019 où la production se situait autour de 650 000 tonnes.

Les températures basses depuis le mois de Janvier ont globalement retardé la floraison, et donc légèrement décalé le début de récolte dans de nombreux bassins de production.

Il faudra également surveiller de près les effets de la sécheresse qui sévit un peu partout mais plus particulièrement en Espagne et dans le Sud Est de la France. Les effets de cette sécheresse sur la production ne sont pas encore visibles à ce stade et on ne peut donc pas les prendre en compte dans les prévisions de récolte. De part et d’autre des Pyrénées, les arboriculteurs espèrent que la situation qui est actuellement très inquiétante évolue favorablement dans les prochaines semaines.

Innovation dans la conduite des vergers : La France rétrogradée

Le 27 Avril l’association des producteurs de fruits de Catalogne AFRUCAT a organisé à Lérida une journée technique sur les modes de conduite, porte greffes et taille « pour une production efficiente en fruits à noyaux ». 

Cette journée a été organisée en partenariat avec la société Agromillora, importante société Espagnole de production de porte greffes et de plants fruitiers.

L’objectif était de faire le point sur les expérimentations en cours en matière de nouvelles formes et de nouvelles conduites des vergers, avec notamment les travaux sur des vergers en haute densité et conduits en formes plates (bi axes…). Ces vergers visent à la fois à améliorer la productivité, la compétitivité mais aussi les aspects environnementaux par l’optimisation de la pulvérisation etc….

Parmi les intervenants techniques invités à intervenir lors de cette journée, on comptait 3 techniciens espagnols et 3 techniciens italiens… et aucun technicien français…

Il y a 10 ou 15 ans, l’INRA,  le CTIFL ou d’autres structures françaises d’expérimentation en arboriculture auraient été représentées au niveau des intervenants mais aujourd’hui, les organisateurs n’ont pas jugé nécessaire d’inviter des techniciens français.

C’est sans doute un signe de la perte de compétences dans ce domaine en France et de la perte du leadership que nous avions il y a encore 20 ans. Cette évolution est sans doute en lien avec les moyens donnés à la recherche en France et en plus des moyens en baisse, en lien avec orientations de la recherche (INRA, CTIFL, stations régionales…). Les choix faits par les financeurs de l’expérimentation en agriculture (France Agrimer, les régions…) ont favorisé ces dernières années les travaux portant sur la réduction des intrants, l’agroforesterie, la conservation des sols avec des touches de sociologie, d’innovation territoriale…

Ces enjeux et objectifs sont bien sûr importants, même de plus en plus essentiels mais on a oublié les bases de la production, les fondamentaux. 

Faute de moyens dédiés, plus personne ne travaille sur le cycle des principaux bioaggresseurs, sur la nutrition des plantes, sur la conduite des vergers. Dans le triptyque de l’agroécologie, la performance économique a été mise au troisième plan loin derrière les enjeux environnementaux et sociétaux.

La productivité, l’efficience, la compétitivité ont été reléguées en bas des priorités et dans le même temps le ministre de l’agriculture lance un grand plan de souveraineté fruits et légumes pour la filière afin de retrouver la souveraineté alimentaire….