Conjoncture juillet août 2023 : Arboriculture et Maraichage

La saison de fruits d’été est en train de se terminer avec la récolte des dernières pêches et nectarines tardives et leur mise en marché qui va se poursuivre encore 2 à 3 semaines. 2023 aura été une campagne compliquée pour les producteurs de pêches et d’abricots du département : sécheresse, marché difficile, grêle, mouche méditerranéenne…  La sècheresse qui sévit depuis Mars 2022 n’a pas permis d’irriguer selon les besoins des vergers soit du fait des restrictions administratives liées aux arrêtés préfectoraux pris dès le mois de mars, soit du fait du déficit de la ressource (forages, eau superficielle).  Dans des secteurs comme la moyenne la vallée de la Têt ou sur la vallée de l’Agly, les restrictions « naturelles »  ont été encore plus sévères que les restrictions administratives.  La conséquence de ces sous irrigations a été une perte totale sur certains vergers d’abricotiers de la vallée de l’Agly et une perte de calibre plus ou moins importante sur les autres secteurs.

Malgré un début de campagne plutôt correct fin mai/début juin, avec des prix élevés, le marché s’est rapidement crispé nécessitant des révisions de prix à la baisse pour essayer de doper une demande très peu dynamique.

Après plusieurs années de production déficitaire au niveau européen, 2023 revenait sur des potentiels de production proches de l’optimum en France mais aussi et surtout en Italie et en Espagne, d’où une concurrence forte et une pression sur les prix. Le syndrome du frigo plein dans les stations de conditionnement a plombé toute la saison et n’a pas permis de retrouver les niveaux de rémunération des années passées.

Le marché a également été particulièrement compliqué en AB. En abricot avec des volumes qui ont dû être orientés vers le marché conventionnel, mais aussi en pêche ce qui est plus nouveau avec des rémunérations inférieures aux années passées. Les fruits d’été ne sont pas épargnés par la crise structurelle qui touche la consommation des produits AB en France.

A noter également un orage de grêle violent le 29 juillet, notamment sur les communes d’Ille sur têt, Nefiach, Millas. Orage qui a causé des pertes de plus de 80% sur de nombreux vergers non encore récoltés de ces communes.

Et côté verger, la saison a été marquée par la pression de la mouche méditerranéenne des fruits (ceratitis capitata) dont les populations ont complètement explosé cet été. On a noté la présence de la cératite dès la fin juin sur les fonds de cueille de Royal Roussillon, puis sur Héléna et sans parler des variétés d’abricots tardifs difficiles à protéger. Et sur pêches et nectarines, le mois d’août a été compliqué dans les zones littorales ou dans les Aspres, zones habituées à ce parasite, mais même dans la vallée moyenne de la Têt et jusqu’au Conflent, situation inédite à cette époque.

La protection contre la mouche apportée par la technique du piégeage massif habituellement suffisante a souvent due être accompagnée de traitements insecticides en conventionnel et en AB et la disparition fin 2022 de l‘insecticide imidan, très efficace contre ce ravageur 2022 a été particulièrement préjudiciable.

En conclusion, fin avril, la situation était particulièrement inquiétante pour les producteurs de pêches et d’abricots compte tenu de la sècheresse et du débit des cours d’eau du département. Les pluies de mai et juin sur les bassins versants du Tech et de la Têt ont permis d’améliorer considérablement la situation et la gestion intelligente menée par la profession avec l’appui du Préfet ont permis de sauver l’essentiel sur ces secteurs. Ça n’a pas été le cas sur la moyenne vallée de l’Agly où les pertes sont importantes pour les quelques producteurs qui n’ont pratiquement pas pu irriguer de toute la saison.

Au global, un peu moins de calibre mais des volumes au rendez-vous, un marché difficile, des rémunérations très limites. Une saison éprouvante pour les producteurs dont il faudra tirer des enseignements…