Conjoncture juin - juillet 2023 : Viticulture

En cette fin de mois de Juin, les effets de la sécheresse se font bel et bien sentir. S’il est enfin tombé quelques gouttes de pluies sur la Plaine (un peu plus de 40mm depuis début mai, à Rivesaltes), et un peu plus sur l’Ouest du Vignoble (96mm à St Paul de Fenouillet), malheureusement le déficit hydrique reste très fortement prononcé.

Globalement le vignoble présente un déficit important en termes de développement végétatif, par contre les stades phénologiques suivent leur cours et il n’y a pas de retard par rapport à l’an dernier. La situation est très contrastée selon les secteurs et les parcelles. Les parcelles non irriguées sont bien évidemment les plus impactées, nous constatons que la taille tardive, l’enherbement, la faible mise en réserve et les sols lourds auront été des facteurs aggravant.

La floraison est terminée sur la plupart des secteurs, les conditions climatiques n’ont pas favorisé une bonne fécondation. Il faut dire aussi que vu son faible développement végétatif, la vigne a sacrifié une partie de sa production. Le niveau de coulure est important, et atteint dans certaines situations les 90%.

Forte coulure

Les pluies de fin mai et début juin ont permis malgré tout de relancer la pousse, et la situation s’est bien améliorée dans les zones où les précipitations ont été plus significatives. Cependant les orages de fin mai – début juin ont régulièrement été accompagnés de grêle pouvant causer des dégâts importants, nous pouvons citer les orages du 23 mai (secteurs : Maury, Trevillach…), le 25 mai (secteur : Canet), le 6 Juin (secteur : Caudiès, St Paul de Fenouillet) et peut être le plus impactant celui du 9 juin avec certaines parcelles détruites à 100% (secteur : Opoul, Espira de l’Agly, Cases de Pène, Tautavel, Estagel…).

Vigne détruite à 100% Opoul le 9 Juin 2023

Sur la base de ces constats, la tendance d’une très petite récolte 2023 prend de plus en plus de consistance. Cette petite récolte couplée à la hausse des charges et une fragilité des marchés va continuer de fragiliser encore plus l’ensemble des structures économiques de notre filière viticole.

Sous l’égide entre autre de la préfecture, des mesures d’accompagnements sont en train de se mettre en place : Assurance récolte et solidarité nationale, prise en charge des cotisations MSA, dégrèvement de taxe sur le foncier non bâti, fonds d’urgence bio… Nous communiquerons au fur et à mesure de la mise en place de ces aides, mais force est d’imaginer que cela ne sera pas suffisant…

400 exploitants ont bénéficié de DPB grâce au soutien d'éleveurs

Et pendant ce temps-là, en plus d’être à la manette sur les procédures d’accompagnement officielles et notamment l’organisation des tournées calamité et l’évaluation des pertes, les équipes de la Chambre continuent d’accompagner au quotidien les producteurs vers plus de technicité, une rationalisation des charges, une recherche de solutions d’adaptations aux changements climatiques. Nous avons également fourni un travail intense d’optimisation des aides de la PAC, auprès des agriculteurs qu’ils nous aient confiés la réalisation de leur dossier PAC ou non. Grâce au soutien de certains éleveurs qui ont généreusement fait dons de DPB, nous avons été en mesure de doter près de 400 exploitants orphelins de DPB et qui sans ce précieux sésame ne pouvaient pas prétendre à l’aide redistributive (48€/ha), cumulable avec les Ecorégimes (60-80 ou 110€/ha) ou encore l’aide complémentaire au revenu JA (4469€/ans pendant 5 ans), sans parler de l’aide au maraichage (1588€/ha, 3ha max). Il est trop tôt pour évaluer le bénéfice économique de cette animation, mais ce sont au moins 750 000€ d’aides de la PAC qui auront été obtenus (et certainement beaucoup plus !).