Conjoncture mai 2023 : Fruits et légumes

L’exercice des prévisions de récolte est tous les ans un exercice compliqué. Evaluer le potentiel d’un verger au niveau d’une parcelle, d’une exploitation, d’un bassin de production, d’un pays est déjà un défi et prendre en compte un aléa climatique comme un gel, une grêle etc… accentue encore la difficulté. Cette année, pas de gel ou de grêle généralisés mais 2 évènements climatiques « en cours » dont les effets ne sont pas mesurables aujourd’hui.

De part et d’autre des Pyrénées, en Roussillon, en Catalogne et en Aragon, la sècheresse sévit depuis plus d’un an. Les barrages sont au plus bas, des restrictions d’utilisation ont été imposées et en Catalogne des canaux d’irrigation ont même été coupés. Des restrictions supplémentaires sont peut-être à venir dans les prochaines semaines avec des impacts en cours et peut être à venir sur la production et même sur la survie des vergers.

Dans le Nord de l’Italie, en Emilie Romagne, ces derniers jours, ce sont des inondations qui ont submergé les parcelles. Là aussi l’épisode climatique est en cours et les pertes sont encore impossibles à évaluer.

Les partenaires des différents pays producteurs qui établissent tous les ans les prévisions de récolte n’ont pas pu prendre en compte les pertes de production à venir liées à ces aléas. Les chiffres que nous vous présentons sont donc sans doute optimistes et seront actualisés vers la mi-juin quand on verra plus clairement l’impact réel de ces 2 aléas climatiques.

L’an dernier, la campagne a été marquée par un déficit de récolte important en Catalogne et en Aragon suite au gel de printemps alors que les autres bassins de production européens avaient été épargnés et présentaient un potentiel normal. La Catalogne et l’Aragon avaient vu leur production réduite de plus de la moitié avec près de 400 000 tonnes de déficit en 2022, soit plus de 30 % au niveau national par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Le marché européen de la pêche et de la nectarine a été fortement influencé par ce déficit important pour 2 des bassins de production parmi les plus dynamiques au niveau des exportations sur le territoire européen.  Avec 2 975 000 tonnes de production de pêches, nectarines et pavies, la production européenne 2022 s’est située 13% en dessous de la moyenne 2017/2021.

Cette année, avec toutes les réserves émises précédemment, la prévision bouclée à mi-mai se situe à 3 379 000 tonnes de pêches, nectarines et pavies soit 13 % de plus que la production 2022. Mais encore, une fois, malheureusement, il est fort probable que le potentiel présent sur les arbres à la mi-mai, date de ces estimations, ne s’exprime pas totalement et que ces prévisions ne doivent être revues à la baisse.

GRECE

Après une campagne 2021 très déficitaire, la production grecque était revenue à son potentiel l’an dernier.

Cette année pas de problème climatique majeur mais une météo capricieuse depuis début avril et une baisse des surfaces en pêches qui devraient donner une production de pêches et de nectarines de 335 000 T soit 5% de moins que l’an dernier mais 16% de plus que la moyenne 2017/2021.

Pour les pavies, la production devrait se situer autour de 330 000 tonnes soit 4 % de moins que 2022 et 14 % de moins que la moyenne 2017/2021.

ESPAGNE

Après une campagne 2022 très déficitaire notamment suite au gel en Aragon et en Catalogne, 2023 se présentait sous les meilleurs hospices. Pas de gel, pas de grêle à ce jour mais une sècheresse historique qui touche toute l’Espagne.

Paradoxalement, les régions les plus méridionales semblent pour le moment les moins affectées mais les 2 grandes régions de production du Nord de l’Espagne, l’Aragon et surtout la Catalogne, ne devraient pas passer cette campagne sans subir de pertes pouvant s’avérer très importantes.

Dès les premiers jours de mai, le canal d’Urgell, qui alimente une zone de production au Nord de Lérida, surtout orientée vers la production de fruits à pépins, a été coupé et d’autres canaux sont menacés de restrictions voir de coupure. Face à cette situation évolutive, il est impossible d’estimer la perte qui pourrait advenir et la situation pourrait peut-être s’améliorer si la météo accompagne. Mais chaque jour qui passe rend cette dernière option de moins en moins crédible. Les prévisions présentées à cette date ne prennent donc pas en compte la sécheresse et ces effets attendus tout au long de la saison.

En pêches et nectarines, le potentiel de production de pêches, pêches plates et nectarines à cette date est estimé à 1 250 000 tonnes au niveau espagnol soit une hausse de 52% par rapport à 2022 et de 8% par rapport à la moyenne 2017/2021. Pour les pêches pavies, le potentiel de production est estimé à 292 000 T soit 41 % de plus que l’an dernier et 6% de moins que la moyenne 2017/2021.

ITALIE

Après une campagne 2021 très déficitaire, marquée par le gel, 2022 a présenté un potentiel de production normal, proche de l’optimum avec un peu plus d’un million de tonnes de pêches, nectarines et pavies. Cette année, le gel avait légèrement touché quelques parcelles dans les régions productrices de Nord de l’Italie mais depuis la mi-mai des précipitations d’une rare intensité ont touché l’Italie et tout particulièrement la région d’Emilie Romagne. De nombreux vergers sont actuellement inondés et cette situation devrait perdurer encore quelques jours. Les effets de ce sinistre encore en cours n’étaient pas quantifiables à la date de présentation de ces prévisions, ces prévisions présentent donc la situation à la mi-mai avant ces inondations.

Avec 869 000 T de pêches et de nectarines, le potentiel de production Italien se situait 8% en dessous de la production 2022 et 12 % en dessous de la moyenne 2017/2022.

Avec près de 64 000 T de pêches pavies, le potentiel de production est de 10 % inférieur à celui de l’an dernier et de 11 % inférieur à la moyenne 2017/2021.

FRANCE

Après 2 campagnes 2020 et 2021 très déficitaires suite au gel, 2022 a été moins impacté par les aléas climatiques avec une production de pêches et de nectarines estimée à 226 000 T. Cette année, on ne déplore pas de gel significatif, quelques impacts de grêle localisés mais le potentiel de production est proche de son optimum au niveau français. Il faut toutefois signaler la situation du bassin de production du Roussillon qui subit une sécheresse historique et qui connait actuellement des restrictions d’irrigation. La situation est hétérogène en fonction des secteurs et de l’origine de la ressource en eau (eau superficielle, forages…) mais si les précipitations annoncées dans les prochains jours ne sont pas significatives, la situation pourrait s’aggraver et générer des pertes de récolte.

Comme dans le Nord de l’Espagne, impossible d’estimer l’impact de cette situation évolutive. Les chiffres présentés dans ces prévisions de récoltent prennent en compte le potentiel de production sur les arbres à la mi-mai sans prendre en compte les pertes possibles au long de la saison en fonction de l’évolution de la situation.

Dans ce contexte, le potentiel de production français de pêches, nectarines est estimé à 227 000 T soit + 1% par rapport à 2022 et + 22% par rapport à la moyenne 2017/2021.