Conjoncture septembre 2023 : Arboriculture

La mouche méditerranéenne des fruits n’est pas un parasite émergeant qui serait apparu ces dernières années suite à des importations non contrôlées de fruits exotiques. C’est un ravageur bien connu dans le département, depuis des décennies et qui touche de nombreuses espèces fruitières : pêche, abricot, pomme, kaki, clémentines… La femelle pond des œufs dans des fruits à l’approche de la maturité et des asticots se développent dans la pulpe, pendant la mise en marché,  générant de nombreux litiges commerciaux.

Jusqu’à présent, cette mouche se cantonnait pendant l’été aux zones les plus chaudes du département (zone littorale, vallée du Tech, Aspres) où les femelles pondaient dans les pêches et les nectarines puis elles remontaient jusqu’au Conflent au début de l’automne où elle pouvait certaines années faire des dégâts sur les pommes.

Il y a une quinzaine d’années, la Chambre d’agriculture et la Sica Centrex ont adapté une méthode de lutte développée en Espagne et basée sur la technique du piégeage massif.

On dispose de manière homogène dans les vergers une cinquantaine de pièges type gobe mouche généralement jaunes dès la mi-juin, ce qui permet de baisser fortement les niveaux de populations et ainsi protéger les récoltes. On pouvait éventuellement renforcer ce dispositif par une application d’insecticide en cas de forte pression ou de débordement ponctuel de la pression en zone non protégée par le piégeage.

Mais cette année, tout le monde s’est fait déborder avec des dégâts souvent significatifs et ce pour plusieurs raisons :

• Les gelées hivernales moins nombreuses et moins intenses ne « nettoient » plus les populations hivernantes et dès la fin du printemps, les cycles de multiplication s’enchainent.
• La pression et la précocité des attaques a généré des dégâts sur les fonds de cueilles des abricots Royal Roussillon dès la mi-juin et la présence en nombre d’individus jusqu’en Conflent en plein cœur de l’été a causé des pertes parfois importantes.
• L’insecticide le plus efficace (IMIDAN) a été interdit fin 2022 ne permettant plus cette année de rattraper des situations en train de « déraper ».

Et ce ravageur se propage dans des zones où il était rare (Hérault, Gard, Bouches du Rhône) ou complètement absent (Valle du Rhône).

Face à ces fortes pressions, la technique du piégeage massif montre ses limites et doit être réévaluée dans ce nouveau contexte (modèles de pièges, densité de pose…) et sans doute combinée avec d’autres techniques (insecticides, prophylaxie etc…).

Dans un contexte de suppression des produits phytosanitaires utilisables, l’augmentation de la pression de ce ravageur est un effet de plus du changement climatique auquel les arboriculteurs Roussillonnais sont confrontés.