Conjoncture septembre 2023 : Viticulture

La viticulture départementale représente aux alentours de 19 000 ha de vignes en productions réparties sur tout le département, de la vallée de l’Agly à la Côte Vermeille en passant par la Plaine et les Aspres. Notre vignoble se caractérise notamment par des conditions pédoclimatiques difficiles et seulement 5% du vignoble irrigués.

La sécheresse sera certainement le principal marqueur de la campagne 2023. Elle a été historiquement forte sur l’ensemble du vignoble départemental, tout particulièrement sur la vallée de l’Agly, la Plaine et les Aspres, dans la mesure où elle sévit depuis avril 2022. Les cumuls de pluie d’octobre 2022 à août 2023 dépassent à peine les 200 mm ce qui représente moins de la moitié d’une année moyenne. Les pluies du 12 septembre 2023 (entre 50 et 100mm) ont eu un effet positif sur les gonflements des baies, surtout pour les secteurs qui n’avaient pas encore vendangé. Malheureusement la pluie a été accompagnée sur certaines zones (Aspres, Littoral et Fenouillèdes) par un gros épisode de grêle, qui dans de nombreuses situations a détruit entre 80% et 100% de la récolte. L’orage de grêle de septembre vient s’ajouter à ceux de ce début de campagne.

Il est encore trop tôt pour fournir des estimations précises sur le volume de récolte 2023. Il semblerait à ce jour que nous pouvons miser sur environ 420 000 hl soit à peine plus de 20hl/ha. Nous sommes bien évidemment loin, avec ce niveau de production, d’assurer une pérennité économique de nos exploitations. Les petites récoltes s’enchainent, 2023 sera la plus petite et de loin, les 4 dernières récoltes seront les 4 plus mauvaises.

Ce niveau de production moyen, cache malgré tout, une diversité de situations. Certains secteurs du département notamment la Côte Vermeille et le Haut Fenouillèdes ont moins souffert de la sécheresse, comparativement au reste du département. Les secteurs qui ont pu être irrigués cette année ont eux aussi mieux tiré leur épingle du jeu.

Nous voyons bien au travers de la campagne 2023, que notre vignoble est de plus en plus sujet aux aléas climatiques. Les sécheresses se répètent, et il devient urgent de trouver/fournir des solutions d’adaptations à nos vignerons. L’irrigation est bien évidemment une solution à déployer même si elle ne règlera pas tous les problèmes car l’accès à l’eau ne sera pas possible pour tout le monde. Il y a urgence que la gestion de la ressource, et notamment des barrages, soit réfléchie autrement. Il faut également revoir la réglementation sur les débits réservés qui n’est pas adaptée aux cours d’eaux méditerranéens. Autant d’évolutions qui doivent permettre la mise en œuvre de nouveaux périmètres d’irrigations. Nous pouvons nous féliciter en 2023 de la finalisation du périmètre d’irrigation de Pézilla la Rivière et la mise en eau de 260ha de vignes. Le projet des Aspres qui a débuté il y a 15 ans est dans les tuyaux, de nombreux verrous administratifs restent encore à lever. Seule une réelle volonté politique permettra au monde agricole de voir aboutir de tels projets.

Pendant ce temps et en complément, il est nécessaire de trouver d’autres solutions d’adaptation. L’évolution du matériel végétal en est une. Sur ce sujet, nous pouvons imaginer des évolutions tant dans la nature des cépages et que dans celle des porte-greffes. Le VINOPOLE Roussillon, avec les équipes de la Chambre d’agriculture travaillent à l’évaluation de nouvelles variétés (résistantes à la sécheresse et/ou tolérantes aux maladies cryptogamiques). Plusieurs collections ont été planteés au Lycée Agricole de Rivesaltes et chez des producteurs. Il s’agit à la fois d’évaluer les qualités agronomiques et œnologiques de ces variétés, mais aussi et surtout de voir s’il s’agit d’une réelle opportunité technico-économique pour le producteur, en phase avec les attentes des consommateurs.

Il est indispensable, au-delà de la situation des marchés (commercialisation), d’accompagner les vignerons vers de la recherche de rentabilité économique sur les exploitations. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de demandes conjoncturelles d’accompagnement des entreprises (calamité agricole, exonération TFNB, prise en charge de cotisation…) et qui de toute façon ne sont pas à la hauteur des pertes. Il faut que le vigneron vive du fruit de son travail.

La Chambre d’agriculture est au service des vignerons pour les accompagner à retrouver de la performance technique sur son vignoble (formation, accompagnement technique) mais aussi pour envisager les solutions de demain (expérimentation, diagnostic d’exploitation, certification…). Notre viticulture a des atouts (faible pression en maladie, terroirs, qualité des vins…) faisons en une force.