Estimation perte sécheresse 2023 en viticulture

Situation du vignoble au 2 mai 2023

Sur le terrain nous constatons que le débourrement s’est plutôt bien déroulé sur le département (autour du 30 mars) avec environ un jour de retard par rapport à 2022 et 5 jours de retard par rapport à la moyenne des 20 dernières années. Nous constatons malgré tout, des vignes qui n’ont toujours pas démarré : ceci laisse présager des pertes de fonds à venir.

Pour le débourrement, la vigne puise dans ses réserves constituées à l’automne 2022. Si la mise en réserve a été correcte, le débourrement s’opère, sans être altéré par le déficit hydrique exceptionnel que nous connaissons. Bien que le débourrement se soit, dans la majeure partie des situations, bien passé, nous constatons maintenant un retard dans le développement végétatif. 

Nous observons également une belle sortie de grappes. Il s’agit habituellement d’une bonne nouvelle, qui pourrait, si la situation de sécheresse perdure, s’avérer être au final une très mauvaise nouvelle. La forte charge en raisin va accentuer les besoins en eau de la vigne, et intensifier le stress hydrique de la plante. La vigne va intensifier sa croissance végétative (et donc ses besoins en eau) à l’approche de la floraison (c’est-à-dire à partir du mois de mai).

Au 1^er avril 2023, sur la station de Perpignan, après un mois de février plutôt froid et un ralentissement de la date de débourrement, le mois d’avril marque un retour à des températures printanières, nous constatons une pluviométrie de 126 mm (du 1^er octobre à fin mars) soit un déficit de 286 mm à la même époque, une réserve extrêmement faible et déjà une situation de sécheresse inquiétante !

Chiffrage de la perte potentielle

Pertes de récolte :

Sur un potentiel de production de 38hl/ha, et si la situation perdure, la vigne devrait être malgré tout en mesure de produire des raisins. Cependant, nous serons confrontés à de très faibles poids de grappes et des rendements en jus médiocres.

Le vignoble départemental est faiblement irrigué, seulement 1 500ha sont en zone irrigable. Les restrictions d’irrigation vont impacter une faible partie des surfaces du vignoble départemental. C’est bien le déficit de pluviométrie qui sera le plus pénalisant. Malgré tout, les parcelles habituellement irriguées sont celles qui en général ont un potentiel de production supérieure, c’est donc sur ces parcelles que la baisse de rendement sera la plus forte.

Nous pouvons évaluer le volume de récolte à 18hl/ha soit 333 000hl et donc une perte de 370 000hl !

Si nous valorisons ces volumes à 140€/hl (toutes Appellations confondues), cela porte le niveau deperte à 51.8 Millions d’€.

Pertes de Fonds :

L’exercice, est ici encore plus compliqué. Nous considérons à ce jour que les premières parcelles impactées seront les plantiers de 2023 et 2022 (400ha/an) ainsi que les vignes irriguées, qui ne pourront pas l’être cette année (environ 1 500 ha). A cette situation, il faudra également y ajouter des situations diverses d’autres parcelles.

Une estimation de1 500 ha de perte de fondsne parait pas irréaliste !

Le barème 2018 des calamités établit les frais d’investissement pour une plantation à 33 398€/ha (vigne palissée).

Si ces 1 500ha devaient être replantés cela représenterait un coût de50 Millions d’€.

Pertes indirectes :

A ce constat de pertes directes (récolte et fonds), il faudra y ajouter les difficultés économiques subies par les metteurs en marché du fait de :

•    Moins de volume à vinifier, et donc hausse des coûts de vinification,
•    Perte de marchés, qui seront difficiles à reconquérir.

Ces éléments devront être réévalués en cours de saison en fonction de l’évolution des conditions climatiques.