Projet ARB’EAU CRAU : étude de l’impact de la restriction hydrique sur les performances agronomiques en verger

Dans le contexte du changement climatique et des inquiétudes de la profession face à la raréfaction de la ressource en eau, ce projet a été mis en œuvre avec entre autres objectifs d’étudier l’impact d’une restriction en eau maitrisée sur des vergers pour prévenir une gestion de crise. Ce projet a le soutien financier de l’Europe (FEADER), de la région PACA, de l’agence de l’eau RMC.

Vous trouverez ci-dessous une synthèse des résultats de suivi de la restriction de l’irrigation sur des vergers de pêchers et d’abricotiers.

Si on prend l’année 2022, Il a été appliqué sur un verger de nectarine de saison (Queen Glory, récolté première quinzaine d’aout en 2022), âgé de 9 ans, avec  une restriction hydrique globale de  13 % soit une économie de 680 m3/Ha en 2022.

Cette restriction qui a varié de -10% à – 20 % entre mi-juin et mi-septembre a eu des effets non négligeables sur la croissance des arbres et la production.
Sur la croissance des rameaux, on a assisté pour la partie avec restriction hydrique à un blocage de la croissance et un stress de la végétation (cf graphique ci-dessous)

Au niveau de la production, le témoin sans restriction a atteint un rendement de 44.7 T/Ha contre 34.9 T/Ha pour la partie de verger avec restriction hydrique soit une baisse de 22%.
Au niveau du calibre des fruits, le pourcentage de calibre A et + (calibre commercialement le plus valorisé) est passé de 67.6% à 64.7% soit une baisse limitée de -3%.

Il semble donc que le calibre a faiblement été impacté mais que c’est la charge et le nombre de fruits par arbre qui était nettement inférieur sur la modalité avec restriction, sans doute un phénomène d’autorégulation de la charge des arbres liée au stress hydrique subi (chute de fruits avant maturité).

Le même essai a été réalisé sur une variété de pêches tardives, la variété de nectarine blanche tardive Nectarpef (verger en 4ème année de surfreffage). La restriction hydrique a permis de réaliser une économie de 630 m3/Ha en 2022 soit une baisse de 13 % des volumes d’eau apportés.
Au niveau des performances agronomiques, on observe les mêmes tendances
En ce qui la production de fruits, elle a été de 55.4 T/Ha pour la partie irriguée sans restriction et de 42 T/Ha pour la partie avec restriction hydrique soit une baisse de 24% du rendement.

Même s’il faut rester prudent pour ces essais qui ont été conduits sur 3 ans de 2020 à 2022 avec en 2021 des problèmes de gel et quelques difficultés de suivi et de mise en œuvre (confinement COVID, essai réalisé sur des parcelles producteurs…) des tendances apparaissent clairement.
Dans les conditions de cet essai, en 2022, quand on réduit de 10 à 15 % les apports d’irrigation, par rapport à des pratiques déjà optimisées sur la parcelle témoin, on a une réduction de la production de 20 à 25 % apparemment sans modification significative du calibre (autorégulation de la charge ?).
Et une perte de 20 à 25 % du volume, à calibre égal, c’est une perte de 20 à 25 % du chiffre d’affaires ce qui signifie dans tous les cas une perte de 100 % de la marge.